[an error occurred while processing this directive]

La Cause des Filets


    FreeFind

Edition : François Morel

Comment devient-on un homme ou une femmme?
AMBIGUÏTES SEXUELLES, par Geneviève Morel

 Revue : les Carnets de Lille
Page d'accueil 
Editorial
 Abonnement  
Liste des articles
Séminaire
Liens
Espace de chat
La librairie virtuelle
articles complets, recherches bibliographiques,recherches ou achats de livres

Derniers ajouts
Archives du séminaire cliniques du sexe et de la loi  
Archives du séminaire sur la transmission 
Mailing-list du seminaire de la Timone 1999-2000 : cliniques du sexe et de la loi 
forum "politique de la psychanalyse et politique des associations"
Site Map
Pour publier dans la Cause desFilets


  TOMÁS ABRAHAM, GUERRIER ELÉGANT.

COMPTE RENDU (par Marcela Antelo) de son BATAILLES ETHIQUES .

 
 
 
 

 Encore une fois les analystes baianais ont eu la chance d’entendre Tomás Abraham. Le philosophe argentin, né en Roumanie, sait faire usage de la Psychanalyse.

Il le montre depuis plusieurs années. Nous l’avons entendu éplucher le signifiant, résonances par rapport à la place que les Autres savoirs doivent occuper - question d’éthique - dans la formation des analystes. A l’occasion d’une autre visite, il a présenté, à l’Université Féderal de Bahia, UFBA, sa lecture du Séminaire de l’Ethique de Jacques Lacan.

L’élaboration de Lacan sur l’amour courtois a été prise au sérieux, ainsi que chacun des ses références bibliographiques. Le livre La guerra del amor ( La guerre de l'amour) a été le résultat de sa curiosité qu’il mène jusqu’à épuisement. Sa promenade autour des différentes Antigones c’est un modèle de l’exercice de raisonnement pratiqué par Abraham.

Récemment il a écrit Historias de la Argentina deseada (Histoires de l'Argentine desirée). D’après lui il s’agit d’un livre sur la topographie où il analyse le sol qu’ont construit les désirs-d’être des argentins. On s’étonne du fait qu’ Abraham, en dressant ses batteries contre la nouvelle idéologie nationale, le democaretisme (démocratie plus imposture), réussisse à se maintenir au sommet du ranking des ventes de littérature de non-fiction.

L’encre n’a pas encore séché et Abraham publie déjà un nouveau livre, celui qu’il vient de nous présenter à l’Atelier de Bibliothèque. Le Batallas Éticas, (Batailles Ethiques) publié par l’Editora Sudamericana, s’ouvre par un essai de 57 pages, écrit par Tomás Abraham lui-même et dont le titre est aussi celui de l’ouvrage. D’autres articles composant le livre: "Derechos Humanos, racionalidad y sentimentalismo" ( Les Droits humains, rationnalité et sentimentalisme) et "Los intelectuales ante el fin del socialismo" (Les intellectuels face à la fin du socialisme) de Richard Rorty et, finalement, "La Ética-Ensayo sobre la conciencia del mal" (L’Ethique-Essai sur la conscience du mal) par Alain Badiou.

Tomás forge une bataille entre les deux penseurs contemporains "dérangeants" qui ne marchent pas sur la bonne voie de la pensée facile, mais dans le sens interdit. Sens interdit qui, pour Abraham, caractérise la philosophie dans sa marche toujours non-actuelle, oblique. Au moyen de ce métier, il assemble et mélange, il fait se confronter, deux auteurs radicalement différents tels que Badiou et Rorty, penseurs qui n’apartiennent pas au même club, ni à la même tradition, continent, langue et qui, peut-être, justement pour cette raison, vont devenir des pôles de contemporanéité, pensées en tension.

Tous deux l’impressionent. Non par le fait qu’ils soient les maîtres de la verité, mais par ce qu’ils nous offrent la labeur de créer quelques vérités qui ne se présentent pas toujours habillées de la même façon. Abraham sait que la vérité n’est ni immaculée ni transparente. L’intérêt apporté par une pensée philosophique, d’après lui, relève de la façon par laquelle cette pensée travaille et transforme ses défauts, ses debilités, ses plaies, hontes et limitations.

Rorty n’a pas d’autre alternative que de s’occuper de la vie commune. Le philosophe vient de la communauté et doit lui rendre des comptes. Plus encore: la communauté est l’autorité epistémique. Abraham défend Rorty de l’accusation de penseur mou. Une des meilleurs provocations de Rorty, selon Abraham, est sa façon d’attaquer le "machisme métaphysique", une attaque à la dureté et à la rigueur en tant qu’emblématique de la sérialité, de la prophétie, des majuscules. C’est d’après une position peu virile – pas-toute dirions nous– doux, humide, féminine, nous dit Abraham, que Rorty, philosophe, montre très peu d’ambitions de pouvoir, disposé à négocier et indifférent aux dieux et aux révolutions, il dérange le philosophe professionnel, le macho qui travaille dur et se durcit.

La mégalomanie "théoriciste" et puritaine est dédaignée par Rorty. Seuls les philosophes décadents peuvent ne pas savoir que la formation des syndicats, les réformes éducatives, l’élargissement du suffrage et la chute du prix du papier font plus de bruit dans la démocratie occidentale que la théorie cartésienne du sujet. Créer des métaphores, inventer, recourir au récit en tant qu’outil et à son propre pays en tant que sol, ce sont des alternatives de Rorty au destin "illustré" de la libido philosophique: le jugement. Le problème, constate Rorty, puisqu’il y a des humiliations et des cruautés, est: quoi faire pour disposer les hommes à se refuser le plaisir d’humilier le semblable? Education sentimentale du souverain, transformation des sensibilités à l’intérieur du microssocial et plein fonctionnement des institutions libérales ce sont des solutions auxquelles on pense.

Parfois, Abraham se demande: Rorty, est-il sobre? Ce sont des conjectures d’Abraham: Rorty suppose que La Case de l’Oncle Tom a aidé à transformer l’Alabama ; que Le journal de Anne Franck a fait pleurer un néo-nazi et que Le voleur de bicyclettes a fait diminuer les peines pour les délits mineurs. Donnant cette dernière estocade et en invocant la discipline, Abraham passe à l’autre jouteur : Alain Badiou.

D’après lui, la lutte de Badiou est dure. Il est seul. Fruit mûr de l’école d’Althusser, Badiou ne compte que sur très peu de partenaires de travail. Abraham structure la pensée de Badiou dans quatre instances: éthique, politique, philosophique et epistémologique. Il précise: "l’éthique, selon Badiou, est une coupure dans le post-marxisme pour justifier la mort de la politique (...)l’éthique est la spiritualité de l’espace du marché et elle rend plus facile un consensus sans compromis ni risque". Il y a un consensus à l’égard des noms de ce qui est mauvais: la corruption, l’autoritarisme, le fondamentalisme. Ces noms, on peut aisément les dénoncer dans l’autre. La pédagogie de la différence est inoffensive et absurde. Abraham en cite l’exemple: "Sois comme je suis et je respecterai ta différence". La pulsion éthique en Badiou ne le dit pas. Toutefois, ce qui dit comment céder est une cathégorie éthique; ne pas céder à un impératif, la pire trahison: la trahison à soi- même.

On peut énumérer quatre positions éthiques: l’éloge (du pouvoir), la résignation (spéctacle actuel de l’économie), la discordance (volontarisme quoique ça crève), la position prométhéenne (éthique héroïque). Badiou propose le deux au lieu de l’un, la dissension, la scission, de ne pas saturer la faille, diviser les consciences.

En ce qui concerne la politique, Abraham dit que Badiou réconcilie l’idée communiste avec la psychanalyse et les mathémathiques. Le marxisme n’est pas mort, mais il se trouve historiquement détruit. Nous avons échangé Mao contre la Mitsubishi. Badiou propose une éthique de la non-domination, mais non-représentative. Voilá la question posée par Abraham: comment être fidèle aux événements et aux victimes sans leur imputer une vérité dogmatique en prétendant les éclairer?

Philosophie. La politique ébauchée demande une nouvelle idée de vérité. Wittgenstein et Heidegger s’y opposent. Il s’agit du discrédit, de nouvelles incursions de la sophistique, de l’uniformité des discours. Badiou fait la guerre au néo-anarchisme, aux généalogistes héritiers de Foucault et à la voix de l’être poétique de Heidegger. Il faudra bien endurer les sarcasmes et les ironies de Wittgenstein - sophiste majeur qui conduit au virtuosisme des jeux des mots et des silences. L’important, c’est de préserver l’espace polémique.

D’après Abraham, Badiou voit la réintroduction des mathématiques comme un retour à Platon, étant donné que ce dernier disait que la géométrie et la politique étaient la charnière du savoir. Badiou coupe la réalite en deux champs: les mathématiques s’occupent de l’Etre et l’autre, le domaine de l’évènement, relève de la Politique.

Heidegger, on l’abandonne. On laisse tomber la métaphysique de la présence qui s’installe dans le poème et l’on part du mathème pour penser d’une façon rigoureuse.

Epistémologie. Abraham introduit, cette fois, le macho topologique, le lyrisme borroméen de Pierre Soury. Badiou attache des figures topologiques à des intensités existentielles. Et Abraham n’a pas honte de demander à Badiou: "Qu’est-ce que la vérité?". Son irruption est l’évènement: on la subit a partir du réel; on la dit à partir du symbolique; on se la figure à partir de l’imaginaire. Le réel est le seuil inconnu par les sophistes de la modernité. Une pensée génerale s’impose pour penser ce qui est insaisissable, le vide. Cette pensée compte sur quatre procédés: l’amour, l’art, le mathème et la politique.

Abraham parle des ces quatre démarches et par la suite présentera la Batalla. On laisse ce résumé en suspens. Trouvez le livre.

 

BIBLIOGRAPHIE de TOMÁS ABRAHAM

 "La ley mayor" em El Discurso Jurídico. Buenos Aires: Hachette, 1987.

 Foucault y la Ética. Buenos Aires: Catálogo Editora, 1988.

 Pensadores bajos (Sartre, Foucault, Deleuze). Buenos Aires: Catálogo Editora, 1987. 205p.

 Los senderos de Foucault. Buenos Aires: 1991.

 La guerra del amor. Buenos Aires: Sudamericana, 1992. Contém: Première partie: De mil amores

Entre amores (Del muchacho a la dama)

La guerra del amor (La conexión oriental)

Historias de amor (Tristán e Isolda. Abelardo y Heloísa)

Las bisagras del amor (Los caballeros de una mesa redonda)

Seconde partie: Las políticas del amor

Las dos vias del amor (Fromm/Lacan)

Los amores de un jefe (Antígonas y Creontes)

 Historias de la Argentina deseada. Buenos Aires: Sudamericana, 1995. 199p.

El último oficio de Nietzsche y La polémica sobre El nacimiento de la tragedia, Wilamowitz-Rhode-Wagner. Buenos Aires: Sudamericana, 1996. 356p.

Directeur de "La Caja". Revue d'essai noir . Buenos Aires.

 

  [an error occurred while processing this directive]